Je suis trop bourrée pour baiser, connard !

Les gens étaient venus, sans prévenir. A la rigueur, elle s'en foutait juste, tant qu'elle n'était pas seule à se défoncer. Quelqu'un devait avoir posté sur Gossip Girl que la fête bâtait son plein chez elle.

Elle n'avait pas vue la nuit tomber sur Manhattan, tant elle était prise, et demandée de toute part. Les gosses de riches de cette foutue ville étaient incapables de se débrouiller seule. Désormais sa seule réponse était "Qu'est ce que j'en ai branler ?" Qu'est ce que j'en ai a branler si y a plus de vodka ? Qu'est ce que j'en ai a branler si tu veux sauter cette conne et que toutes les chambres sont prises ? Qu'est ce que j'en ai a branler si ton mec t'a larguée ? Qu'est ce que j'en ai a branler qu'il ait vomi sur le tapis ? Le bruit était saisissant, et la musique qu'ils avaient imposés merdique. Elle alla sur sa terrasse, observant, tout en bas, l'agitation de Park Avenue. Un couple baisait sur une chaise longue, elle hurla pour les faire partir.

La soirée partait en couille, elle ne contrôlait plus rien, et elle paniquait. Elle prit un spray nasal qu'elle avait dans sa poche, et l'utilisa. Du butorphanol, une substance opioïde, qu'on donnait aux chiens pour les calmer et les endormir avant une opération. Un ami fils de véto le lui avait vendu, c'était une des rares substances, qui dans ses veines irradiées, pouvait encore la calmer sans la shooter totalement. S'allumant une Malboro, elle s'appuya contre la rambarde, se demandant combien de temps mettrait son corps pour chuter du douzième étage, et s'écraser au sol. Logiquement peu de temps. Elle était maigre comme un clou, à force de vomir son mal être, et commençait à perdre ses cheveux. Elle ne se sentait pas belle, d'ailleurs se regarder dans une glace était une souffrance inouïe.

Un mec toussota, derrière elle, et s'approcha sensuellement, passant ses mains sur ses fesses, puis sur son entrejambe. Elle se laissa faire, un instant, remuant à ses frottement vulgaires. Puis, Agatha, se retourna, faisant mine de vouloir l'embrasser, mais, juste avant qu'il ne touche ses lèvre, elle lui murmura :

Tu va plus loin et je te tranche les couilles.

Il sembla prendre la menace au sérieux - à raison - et s'éloigna en la traitant de salope. Elle sourit. Elle n'aimait pas ce genre d'homme, trop impatients de montrer qu'ils en avaient à revendre, comme si ça ne se lisait pas dans leurs yeux. Ceux là puaient. Elle trouva une bouteille de vin, à moitié vide, sur une table de la terrasse. Le bruit était encore immonde à l'intérieur. "Ça m'apprendra à accepter n'importe qui chez moi", pensa t elle en buvant une longue gorgée. Du vin blanc et frais, elle sourit. Quelqu'un ici avait bon goût. Non pas que l'alcool de mauvaise qualité la rebutait. Elle préférait juste boire quelque chose de bon. Pourquoi se priver ?

Sortant son portable, elle pianota :

"Tu passeras ce soir ? Je me fais chier à mourir ! "

Send to : Selena.

Elle espérait que la jeune femme passerait. Ici, chez elle, seule, elle risquait d'y passer tant la soirée était ennuyante.

Hey ! Bah alors ! Tu laisse tes invités seuls ? J'rigole, tu fais bien. C'est quoi ces nazes ? D'où y sortent?

Agatha s'était retournée, enfin elle n'était plus seule dans ce capharnaüm ! Si le buterphanol l'avait calmé, et si le vin avait été un bon moyen de sentir plus à l'aise, la perspective de ne plus avoir de coin où se replier, où se cacher, était terriblement angoissante. Heureusement, maintenant Selena était là !

Je ne sais pas d'où il sortent. Je pense que quelqu'un a posté qu'il y avait une soirée chez moi sur Gossip Girl. Ou alors j'en ai parlé en cours ce matin, je sais pas, j'étais défoncée. Je peux pas les faire dégager, ça ne se fait pas... Avec leur rock de merde, et leur vodka moitié prix. J'ai l'impression d'être dans une fête étudiante sur la côte ouest... Tiens prends du vin, il est très bon.

Elle lui tendit la bouteille, et alla s'installer sur une chaise longue, vérifiant bien qu'il n'y avait ni trace de sperme ou si personne n'avait dégueulé dessus. Puis, invitant Selena à faire de même, elle sortit son paquet de clope, et s'en alluma une, sous les ciel sombre de Manhattan. A l'intérieur il y eut un bruit de verre brisé et des hurlements de rire. Jeunesse stupide pensa t elle. Les voisins du dessus, fort heureusement, n'étaient pas là, partis aux Seychelles pour les vacances. Agatha, le maquillage coulant sur ses joue, lui donnant un air de malade mentale sortie d'un film d'Hitchcock, jeta un coup d'oeil à Selena.

Alors, le bal du Lycée ? C'était comment ? Je suis bien contente d'avoir passé quelques jours à Londres, ça m'a évité d'y aller... Qui t'accompagnais ?

- Oh franchement, c'était un bal super ! Et tu me connais, j'suis pas du genre à aimer ça ! Billy Stones m'as invité !

Les bals, en eux même, il n'y avait rien de plus hypocrite. On dansait ensemble pour une nuit, au mieux on se faisait sauter par le premier venu, au pire on en repartait avec une IST... Rien de bien alléchant. Quand elle lui annonça que Billy l'avait invité, elle sourit. Elle voulait plus d'info, un truc croustillant, d'autant que sur Gossip Girl, lui et James se livraient une bataille de mots, vide de sens, mais riche en critique. Mais Selena enchaînait déjà sur un autre sujet. Apparemment James en avait prit pour son grade. Elle imagina la terrible Buchanan-Vanderbilt, effrayante femme qui lui rappelait sa propre grand mère. Sur ce point, elle plaignait le Petit Prince, mais sur le reste, elle le trouvait méprisable et aussi effrayant que sa mère grand.Puis elle lui demanda comment s'était passé son séjour à Londres.

Ho le truc habituel, comme à chaque fois que je vais voir ma tante. Obligée de porter des Jimmy Choo et des robes sur mesure. Impossible de marcher, en plus, avec ces saletés aux pieds. Enfin, dans l'avion j'étais assise à côté d'un mec trop bizarre. Il arrêtait pas de mater mes seins, comme si j'étais une sorte de poissonnière à malaxer. Ça m'apprendra à voyager en première classe... Et au fait, t'es au courant, il y a un nouveau. Il s'appelle Cassandre et il est super mignon.. Genre blond, beauté fatale... trop sexe !

Agatha s'allongea un peu plus sur la chaise longue, il n'y avait jamais d'étoiles à New York. A Londres non plus d'ailleurs. Elle imagina le beau blond et le compara à Kane. Ils s'équivalaient. Depuis qu'il l'avait largué pour cette salope de Sarah Stones, au Cotillon de l'année dernière, elle en était folle. Un mec lui résistait, et ça, elle ne le supportait pas. Et dans sa folie obsessionnelle, elle l'aimait et le haïssait en même temps. Sarah, quand à elle, elle paierait un jour ou l'autre les conséquences de sa cupidité. Kane lui appartenait, et elle n'était pas du genre à prêter. Mais si elle pouvait rendre Kane jaloux en sortant avec le beau blondinet... Enfin, elle ne le connaissait pas. Après tout, c'était un aristo, mais bon. Elle n'aimait pas juger en fonction des classes. Pour elle, il y avait déjà assez de cons sur terre, pour qu'on les différencient.

T'en veux Ag' ? Ça vient de chez Galloway !


Agatha, toute à sa lente descente, fit "non" de la tête, observant le ciel rouge de New York. Et si Kane n'était pas jaloux ? Si Kane s'en foutait qu'elle finisse avec le blondinet ? Elle réfléchit à différentes alternatives. Il était possible qu'il ne la trouva pas intéressante, sur le coup elle n'avait peut être été qu'une sorte d'amusement, une fille qu'on utilise et qu'on jette comme une capote usagée. L'idée était effrayante. Si tel était le cas, elle ne voyait qu'une solution pour se préserver de Kane, il s'agissait de le tuer dans son sommeil, et de manger ses intestins. L'idée paraissait folle, en effet, mais qu'y avait il de plus beau que d'ingérer l'homme qu'on aime. Ingérer et digérer. Certaines tribus d'Afrique, étudiées par Strauss, mangeaient leur défunts, par amour. Elle avait étudié ça quand elle avait fait un voyage en solitaire en Égypte. Et si Kane devait y passer, elle ne voyait pas d'autres solutions, pour lui prouver son amour, que de le faire rôtir. Une rôtissoire assez grande notamment. Elle souhaitait lui envoyer un message, mais se dit qu'il était préférable qu'elle le suive. Étrange, mais elle jugea plus intelligent de le suivre, de l'espionner, et d'essayer d'évincer cette salope de Sarah... La tuer ? Tuer, elle connaissait.
Quand elle avait été enfermée de force au Liechtenstein, entourée de jeunes filles richissimes qui ne correspondait pas aux codes de l'Aristocratie, elle y avait été obligée. Dans ce genre d'endroit, où les lois n'ont plus cours, les humains étaient retranchés à l'état d'animaux, obligés de se battre pour survivre. Quand cette fille, cette putain de Lisebeth Von Habertz, descendante d'un Prince Allemand, enfermée ici pour avoir mis le feu aux cheveux de sa sœur, tenta de faire la même chose à Agatha, celle çi n'avait pas eu d'autre solutions. Elle l'avait d'abord frappée avec un bouquin de Faulkner, et elle lui avait éclaté la tête contre la cuvette de leur chambre. Les autres filles, elles, vaquaient à leurs occupations. Et elle frappait, elle frappait cette folle inconsciente, et, quand les surveillantes étaient entrées, elles n'avaient vues qu'Agatha, couverte de sang, reprenant son Faulkner, et lisant. Le médecin s'était prononcé assez rapidement, soit la jeune fille survivait avec des séquelles irrémédiables, soit elle mourrait. Fort heureusement pour elle, elle ne survit pas. Agatha venait d'obtenir son ticket de sortie. Le Prince Von Habertz, tout à la joie d'avoir perdu une fille aussi déjantée, s'arrangea avec les Belley, une histoire de quelques millions de dollars. Agatha, elle, avait la chance d'avoir des parents qui l'aimaient, elle ne s'en rendait juste pas compte. On l'avait d'abord enfermée dans une institution religieuse, dans le Massachusetts. Elle se calma, prouva qu'elle pouvait être docile si on ne l'emmerdait pas, qu'elle était studieuse, et intelligente. Les parents Belley pensèrent que leur fille était sauvée. Ils purent souffler et approchèrent ce qu'ils nommaient le Bonheur. Hélas,Mr Belley, le coeur secoué par les immondes frasques de sa filles, décéda. Mrs Belley, émigra dans le sud du pays, s'assurant juste du strict nécessaire : qu'Agatha soit nourrie, qu'elle aille à l'école - la select Constance Billard - et qu'elle fasse ce qu'elle aime dans la vie, plus tard. Des fois, taraudée par la culpabilité d'une éducation trop strict, inadéquate, celle çi appelait sa fille. Où était elle ? Dans les ruines du vieux Rome, en Inde, en Angleterre... elle voyageait et peu à peu l'oubliait. Mais elle semblait heureuse, et il s'agissait pour Mrs Belley, du plus beau des cadeaux que le Seigneur lui fit.

Si seulement elle savait.

Y'en à pas un ou deux de baisable ce soir ! C'est dommage

Agatha sourit, tandis que Selena partait chercher un autre truc à boire. Elle l'appréciait, malgré leur différence de monde. Il fallait passer outre, au risque de ne trainer qu'avec des James Buchanan en puissance. Elle ne voulut même pas vérifier, baiser ce soir, elle ne pourrait pas... Selena revint, avec un bouteille de gin.

- Cool, marmonna Agatha en jetant son mégot, et en se relevant. Dis, si tu veux, tu peux dire à Billy qu'il peut passer. Je te laisse ma chambre...

Elle lui fit un sourire entendu. Si seulement Sarah pouvait venir, elle pourrait la balancer par la fenêtre, et observer son corps frêle exploser en mille morceau sur le bitume de New York....

L'idée que Billy vienne semblait lui convenir. Agatha ne connaissait pas énormément le petit Stones, sinon sa réputation...sulfureuse. Elle espérait juste qu'il ne lui fasse pas de mal. La douleur que les femmes pouvaient ressentir à cause des hommes s'étendait bien plus loin que ce que le commun des mortels pouvaient imaginer. D'ailleurs, tout bien réfléchit, un homme n'était un homme qu'à partir de l'ultime moment, où il avait fait souffrir une femme. Il prouvait, alors, par les remords qu'il pouvait ressentir, qu'il avait dépassé le stade infantile, et qu'il était capable d'assumer ses erreurs. Selena était après tout une fille charmante, et elle se demandait s'il n'y avait pas plusieurs mecs dans sa vie. La meilleure défense, après tout, n'était elle pas l'attaque ? Conquérir et garder ses positions, une méthode que les grands de ce monde auraient lus dans une biographie de Cesar Borgia. Les femmes étaient, à ses yeux, les meilleures à ce jeu. Les hommes, eux, n'avaient qu'à subir leur volonté, et parfois leur propre ignorance. Elle songea à en parler à la jeune femme, mais étaient elles assez proches ? Sommes toutes elle ne se connaissaient que depuis cette année, c'était peu, pour des femmes, en perpétuel jugement. Des fois, Agatha l'avait aidée, pour quelques cours. Elle se débrouillait bien en général, même si la forme lui déplaisait, le fond était bon. Vivifiant. Ce n'était que par le savoir que les femmes pouvaient s'émanciper. Le savoir et l'argent. Même si le second n'avait que peu d'importance - après tout son père lui avait légué un bon pactole - le premier lui était essentiel. Et sa plus grande fierté, c'était sa bibliothèque. A chaque fois qu'elle visitait un pays, elle en ramenait les classiques, si possibles traduits en anglais. Une manière d'essayer de comprendre le monde et les civilisations.

Et donc toi, le blondinet t'intéresse. J'espère qu'il est vraiment beau et en vaut la peine. Faudra l'inviter à déjeuner, ça te dis pas ?

Je réfléchissais à son idée. Inviter le blond, c'était aussi s'engager sur un truc pas forcément très clair. Et, si elle avait été dans son adolescence la reine pour se démerder des trucs pas clair, le fil des responsabilité, de plus en gros, l'avait rendu méfiante...moins tête brûlée. Son côté féministe peut être...

Je ne sais pas s'il en vaut la peine, un mec c'est pas très intelligent tu sais, dès que tu sors de son champ d'intérêt, tu n'existe plus. En plus c'est du genre "Aristocratie. Monsieur veut il un peu de lait dans son thé ? Veut il un massage des pieds ? Veut il que j'aille me pendre ?" Les gens comme eux, ils ne supportent pas la défiance et l'irrespect... J'ai pas envie de m'encombrer de ça alors qu'on va bientôt devoir choisir nos universités... Si tant qu'il y en ait une qui veuille de moi...

Elle avait déjà pensée à la Sorbonne à Paris, ou à Brown... Mais son choix n'était pas encore arrêté, et étant encore mineure, sa mère avait un mot à dire. A tout les coups elle voudrait aller visiter les campus avec elle... Agatha angoissait d'avance.

Enfin, il est peut être intelligent, je ne sais pas. S'il me parle de Mendelssohn comme d'un virtuose je l'explose ! Dis... Arrêtons de parler de moi. Et toi, le Billy, ça donne quoi ?

Bon, je vais pas non plus dire qu'on est... en couple ou un truc aussi niais ! On à rien dit de tel et puis, tu connais la réputation de Billy comme moi ! Mais bon, on sait jamais, ça peut se reproduire et... enfin tu vois quoi !

Elle avait écoutée, sans broncher, et au fur et à mesure de son récit, elle sentait monter une menace latente. *Je dois être lesbienne* pensa t elle. Elle fixa un instant Selena, observant son corps, et se dit qu'elle était attirante. Mais le sexe entre fille, elle connaissait. Elle n'était pas partie pour recommencer. Elle devait tout de même avoir la peau douce... Elle reçut un message...

Hey ! C'est Billy ! Il est à une soirée qui lui plaît pas tant que ça. Il va essayer de passer ! C'est chouette !! Je fais trop accroc là non ? J'me supporte pas quand j'suis comme ça !

Agatha éclata de rire, et dit d'un ton mordant :

Laisse moi te filer un médicament contre ça, tu es effrayante ! On dirait James quand il parle de Kayla...

Elle retourna à l'intérieur, Dieu merci, personne n'avait découvert son nécessaire à défonce. Il était temps de donner à la soirée un coté plus... rebelle. Elle trouva la trousse, et la ramena sur la terrasse, et ferma la porte derrière elle, pour pas qu'elles ne soient dérangées. Puis, sortant une pipe en verre, elle prépara le nécessaire. Au bout de quelques instants, alors que le vent froid de l'hiver commençait à se lever, elle aspira lentement la vapeur... Elle connaissait les risques, mais s'en foutait. Elle savait qu'elle vomirait, qu'elle cracherait certainement du sang et qu'elle n'aurait plus ses règles pour les six prochains mois. Elle tendit la pipe préparée à nouveau à Selena...

L'effet commençait à monter, cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas pris, préférant en effet espacer ses prises. Une vague de chaleur euphorisante monta en elle, et éclata dans ses yeux en toutes sortes de lumières, mélangeant celle des immeubles en face, et celle de sa terrasse. Elle eût du mal à tenir la pipe, et se cala dans son transat, en relaxant ses muscles, et relâcha un râle de bien être. Le fameux "flash" dura moins longtemps que prévu, mais fut plus intense que les dernières fois. Ses yeux s'embuèrent un instant, et, automatiquement ses glandes lacrymale, activées, relâchèrent des larmes.

Les prochaines heures promettaient d'être cool...

La défonce. Était ce là , la seule façon de survivre quand le monde se casait la gueule en hurlant des pub pour Nike ? Et quand elle même finirait par s'adapter, ne plus rejeter, est ce qu'elle pourrait toujours se défoncer la gueule, y éprouver du plaisir ou serait une vague amertume, celle qui rappelle à chacun que le temps de l'enfance était révolu. Aurait elle des enfants, un travail ? Ou continuerait elle sur cette voie de débauche. Elle savait au plus profond d'elle que c'était mal... Que détruire son corps, son esprit à coup de piqures ou d'inhalation, elle finirait pas y passer. Et rater toutes les beautés que ce monde offrait. Mais se détacher de son mal être, poser des mots pour en parler, c'était un pas trop déterminant pour le franchir. Et puis qui l'écouterait ? Qui s'en soucierait ? Sa mère vieillissait sur la côte du Golfe du Mexique. Son père gisait dans un caveau de marbre. Selena ? Selena, au fond, ne pourrait jamais comprendre. Alors qu'Agatha souffrait, psychologiquement et physiquement, les effets de l'héro tendaient à diminuer, la jeune femme en face d'elle n'avait pas encore dépassée le stade de la compréhension de soi. Ou peut être l'avait elle oublié. Enfoui, enterré.

Gin, maugréa t elle, en prenant la bouteille.

Elle en but une longue gorgée le goût acre de l'alcool descendant dans sa gorge. Elle voyait en face d'elle le vide de New York, le non sens de la vie en société et l'obligation de subir. Comment supporter ce poids ? Comment accepter ce que l'on est, sans cracher en même temps sur les autres ? Il n'y avait pas de réponse, du moins, pas pour l'instant. Limites. Barrière. Acceptation. Refus. Déni. Horreur. Humanité. Sans mot dire elle se leva, titubante, et marcha dans le son et les bruit. Ses pieds nus virevoltant sur le sol mouillé, couverts de bris de verre. Elle alla dans sa cuisine, et claqua la porte avec plus de force qu'elle ne l'imaginait. Une tarte. Maria, la femme de ménage, avait fait les courses et lui avait ramenée une tarte. Une tarte aux pommes, celle de sa civilisation. La perfection obligatoire et le sourire de mise. Elle se jeta dessus, déchirant l'emballage avec ses dents, grattant avec ses ongles pour l'enlever, comme une gamine terrifiée à l'idée que son cadeau de noël ne lui plaise pas. Et elle engouffra, elle dévora. Elle ingurgita avec ses doigts la moindre parcelle de cette tarte, subissant le contre coup de l'arrivée rapide et en masse de sucre dans son sang. Qui la verrait ? Lentement se déchirer la gorge, à trop vomir, à se brûler la langue avec sa bile.

Imperfection. Horrifiante. Néant. Impossibilité de l'évasion.

Humanité.

[bon comme en fait y vient pas j'vais peut être continuer, sorry d'avoir mis si longtemps ^^' ]

Boire un truc. Pourquoi pas. Et surtout, pourquoi ne pas partir. Quitter son appart qui désormais puait l'alcool bon marché et la baise vulgaire. Il n'y avait plus rien ici à faire, sinon attendre l'arrivée de prochains cons. Agatha voulait partir.

Sortons, veux tu ? Je ne peux plus respirer ici... tout ces connards me font chier !

Elle réflêchit à un endroit. Le Cobain ? Elle avait juste envie de picoler, et d'oublier. Le faire avec Selena serait génial ! Elle avait réellement besoin de se changer l'esprit... Un mec la matait, il lui faisait peur. C'est étrange d'avoir peur des mecs comme ça. Mais Agatha ne leur faisait pas confiance, jamais, elle ne leur ferait confiance !

Le Cobain, ça te tente ?

Le mec s'approcha, Agatha prit le bras de Selena, et se colla à elle. Elle ne voulait pas qu'il la touche, ou même qu'il lui parle. Elle lui jeta un regard assassin genre "un pas de plus, et t'es mort..." Cela suffit à le faire fuir.