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| Sujet: Elena Palace - East Hampton (présentation des lieux) Dim 28 Fév - 15:10 | |
| Lettre écrite par Elena Maria Buchanan - Princesse Petrovna de Russie et Duchesse du Kent. Monsieur le Sénateur,
Quand j'ai émigrée aux Etats Unis, je ne savais pas où j'allais. Wellington, mon nouvel époux, un homme tendre et affectueux, fils d'une riche famille de cette ville merveilleuse qu'était New York, m'avait promis monts et merveilles. Etant la nièce du Roi d'Angleterre, et la nièce de l'Empereur de Russie, mon bien cher oncle Nicolas, j'ai dû renoncer à tout mes droits dynastiques sur les deux trônes. Il était d'ailleurs, à cette époque, inconcevable qu'une princesse impériale et royale puisse quitter son milieu pour aller se marier avec ceux qui passaient pour être des fermiers, américains qui plus, la première démocratie celle qui avait combattu le roi d'Angleterre. Mais j'aimais Wellington, autant qu'une femme peut aimer un homme, autant que les mœurs de l'époque, et Dieu sait qu'elles ont évoluées, me permettait de l'aimer. Mon choix fut vite fait. Je quittait le Palais d'Hampton Court, par un matin de décembre, et je reniais ma vie. Le scandale fut énorme, et les journalistes m'attendaient à la sortie du Palais. Je disais adieu à mon enfance, à mon adolescence et à mes premiers émois. Hampton Court m'avait vu naître, grandir et devenir la femme que j'étais à l'époque. Arrivée à New York, je dû me contenter d'une modeste maison de six étages, et de seulement trente deux pièces, situé sur la 5ème avenue, où fleurissaient, à cette époque, des maisons identiques, aujourd'hui détruites pour la plupart, remplacées par des tours d'acier et de verre. J'avais abandonnée ma livrée, de quarante neuf serviteurs, pour m'entasser avec mes cinq dames de compagnie dans une ville aux immeubles de plus en plus haut. Pour tout dire, Londres et Saint Petersbourg me manquaient. Mon cher oncle Nicolas, n'avait cessé de m'envoyer, des œufs fait d'or et de pierres précieuses, fabriqués par le talentueux Fabergé. Je les gardais précieusement comme un lien vers ma Sainte Russie. Wellington me savait malheureuse, attristé autant que j'ai put l'être d'avoir été déracinée. Il me proposa un voyage en Europe, mais je lui avait rétorqué un peu violemment, j'en conviens, qu'il ne servait à rien de s'offrir l'illusion de la proximité alors qu'un océan me séparait de ma famille, de mon ancienne vie. Je voulais un palais où vivre et recevoir mes nombreux cousins...
Wellington me l'offrit. Il fit venir un architecte anglais, qui s'acharna à construire, sur Long Island, où l'aristocratie New Yorkaise construisait aussi des maisons aux airs de châteaux français, comme les Vanderbilt avec leur Chateau de Biltmore, ou aux airs de Palais Vénitiens, comme aux Breakers. Wellington m'offrit Hampton Court. Le Palais fut construit en deux ans, deux années que je passais avec ma première fille, Sophia, à Windor avec mon oncle George. Je voulais lui inculquer les valeurs des royautés européennes. Elle garda, elle comme ses frères, l'esprit de leur père, et devint une de ces mondaine au sourire gracieux capables de faire tomber Wall Street.
La guerre éclata en Europe, et mes deux pays s'allièrent avec les Américains pour lutter contre les Allemands. Ma mère était Allemande, princesse de Mecklenburg Hessen, mon oncle George était lui même Prince de Hanovre, il combattait notre cousin Guillaume, empereur d'Allemagne. Dans la haute société New Yorkaise mon ascendance était connue. Je ne sais comment le Wall Street Journal fut, lui, mis au courant, même si je suppose qu'une femme jalouse m'a dénoncée. J'étais autant Allemande que j'étais Anglaise et Russe. Être née d'un mariage entre princes européens ne m'avait guère servie, mais au contraire, bien desservie. On attaqua mes gens, dans la rue, on tira sur ma voiture, et l'on menaça mes enfants de mort. Wellington jugea preferable de les faire évacuer, dans un pays où la guerre ne faisait pas rage. Ils allèrent en Australie, et je restais seule à New York quand Wellington était à Washington. La guerre lui réussissait, ses ventes de textiles et d'acier avaient explosées. Moi, on me haïssait. J'aurais pût régner sur les Eternelles Russies, être mariée à un Prince Anglais qui m'aurait emmenée passer l'hiver à Nice ou au Caire. Et au lieu de cela, j'avais préférée un américain sans titre, m'avilir pour le grandir, servir mon nouveau pays. Et l'on me haïssait. Wellington, qui avait suivit une partie du gouvernement militaire à Boston, tant la crainte que Washington fut bombardée était vive à la Maison Blanche, me prévint de quitter New York dans l'instant. La ville elle aussi risquait d'être attaquée, peut être même envahie par les soldats Allemands. Paris était assiégée et l'on avait vu de nombreux vaisseaux de guerre Allemands aux large des côtes du Québec. J'allais donc m'installer à East Hampton, et je découvris, ou redécouvris, le Palais qu'il m'avait fait construire. De la moindre cheminée, aux fenêtres ou aux décors intérieurs, il s'agissait bien de ma maison d'enfance londonienne. La copie était parfaite, et j'étais réellement impatiente de pouvoir inviter mon cher Oncle Nicolas dans un palais digne de son Impériale Personne. Je lui avait écrit une lettre, j'avais fait faire des photographies, une gigantesque peinture, que j'envoyais à Moscou, tandis que les soldats s'enterraient pour une guerre de boue.
En 1916, deux ans après mon installation dans ce Palais, j'appris avec horreur que des bolcheviques, d'immondes petits ouvriers non contents de la grâce que Dieu leur avait fait en leur donnant la vie, avaient attaqués le Palais d'Hiver, et arrêtés mon oncle et toute sa famille. L'Empire de Russie était tombé lors de l'abdication de mon oncle. Lâchement, cruellement, mon oncle, ma tantes et mes cousins furent massacrés dans une datcha miteuse à coup de mitraillette. Ils furent aspergés d'acide pour qu'on ne puisse pas les reconnaître et l'on bâtit un chemin de fer sur leurs tombe, pour être sûr qu'ils ne soient retrouvés. J'étais horrifiée jamais je ne pardonnerais au Bolchévisme d'avoir assassiné mon cher Oncle et sa famille. Mon autre Oncle, George, lui, ne sembla pas attristé par la mort de son cousin. Je coupais alors tout contact avec lui. Il lui avait refusé l'exil, je lui refusais mon affection.
En attendant je vivais à Hampton court, où les roses fleurissaient sans se rendre compte que pointait, à peine la guerre finie, l'orage d'une nouvelle, tellement plus meurtrière. Elle laisserait le monde déstabilisé, et moi, fatiguée, fatiguée de recevoir les plaintes que ces monstres communistes font dans ma Sainte Russie. Cette vermine s'infiltre partout, touche les plus basse classes, soulevant les ouvriers, touchant nos jeunes dans nos Universités. Je ne suis plus russe, ni Allemande, ni Anglaise. Je suis juste Américaine, autant que mes enfants et mes petits enfants, je n'aurais de cesse de lutter contre les communistes, Mr le Sénateur MacCarty, et j'ai dans l'espoir, que notre rencontre à East Hampton nous permettra de rapprocher nos idées, de les combiner. Veuillez être assuré, de tout mon soutien qu'il soit moral, chrétien ou financier.
Elena Maria Buchanan
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